droitsdesfemmes:Née au sein d’une famille aisée de l’Allier, Hubertine Auc
droitsdesfemmes:Née au sein d’une famille aisée de l’Allier, Hubertine Auclert (1848-1914) passe la plus grande partie de sa jeunesse dans des couvents, desquels elle est chaque fois chassée car jugée trop mystique ou trop indépendante. Excédée par ces rejets, elle devient anticléricale et quitte l'Allier pour vivre à Paris. Le discours prononcé par Victor Hugo en 1872, comparant les femmes à des esclaves et dénonçant le fait qu’il n’y ait pas de citoyennes à côté des citoyens, la marque profondément. Dès lors, elle consacre sa vie à la lutte contre l’exclusion des femmes de la vie civique. Première militante française à se déclarer féministe, Hubertine s’est illustrée tant par la ténacité et la détermination de son engagement que par l’inventivité de ses modes d’action. Au-delà de ses nombreux discours, articles et pétitions, elle multiplie les gestes militants et subversifs : recours en justice, édition de timbres promouvant les droits des femmes, renversement d’une urne de vote, organisation d'un enterrement symbolique des « droits de la femme », interruption intempestive de la lecture du Code civil lors de mariages (la femme doit « soumission et obéissance » à son mari), réclamation de la féminisation de certains mots (témoin, avocat, électeur, député, etc.). « Quand on aura révisé le dictionnaire et féminisé la langue, chacun de ses mots sera, pour l'égoïsme mâle, un expressif rappel à l'ordre ». Elle boycotte le recensement « Si nous ne comptons pas, pourquoi nous compte-t-on ? » et refuse les impôts « je ne vote pas, je ne paie pas d’impôts ». En 1888, elle part pour quatre ans avec son mari, juge de paix dans l'Oranais, en Algérie. Hubertine dénonce l'influence néfaste du colonialisme français et le mariage précoce des fillettes ; elle réclame l'éducation des filles et l'affranchissement des femmes musulmanes. En 1910, elle se présente comme candidate aux élections législatives, imitée par deux autres femmes, Renée Mortier et Gabrielle Chapuis. Leur candidature n'est pas retenue. Surnommée « La suffragette française », Hubertine meurt en 1914 sans avoir jamais vu la concrétisation de sa principale revendication : le droit de vote des femmes. Elle a su néanmoins imposer le sujet des droits civiques et politiques des femmes dans le débat public.Malgré le discours universaliste qui accompagne l’instauration de la République française, ce n’est que le 21 avril 1944 que le droit de vote est finalement accordé aux femmes par le Comité français de la libération nationale, décision ensuite confirmée par l’ordonnance du 5 octobre 1944, soit près d'un siècle après le droit de vote des hommes au suffrage universel, décrété en 1851, et trente ans après la mort d'Hubertine Auclert. Quelques années auparavant, bien qu'elles n'avaient pas le droit de voter, trois femmes dont la scientifique Irène Joliot-Curie ont fait partie du gouvernement dirigé par Léon Blum en 1936, pendant la période du Front populaire. Elles sont les premières femmes à avoir occupé un poste dans un gouvernement en France. Toutefois les femmes continuent à rester largement exclues de la représentation démocratique. Pour tenter d’y remédier, la France s’est dotée à partir de 2000 d’une législation favorable à la parité. Mais il y a encore du chemin à faire ! L’Assemblée Nationale compte 26,9 % de femmes, se situant ainsi au 69ème rang mondial. Le pourcentage d'accès aux mandats exécutifs les plus importants (maire, présidente de région ou de conseil général, etc.) reste faible. Notons toutefois qu'en 2012, pour la première fois dans l’histoire de la République, le gouvernement français fut paritaire. -- source link
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