Comme l'éphémère…, Mai 2014. Ce matin, j'ai éteint mon radio-

Comme l'éphémère…, Mai 2014. Ce matin, j'ai éteint mon radio-réveil sans me rendre compte que je l'avais fait. C'est aux bruits de petit déjeuner que je me suis rendue compte que je m'étais rendormie. J'ai choisi les habits des petits pour la journée, je les ai préparés. Je me suis dit que j'allais corriger mes trois derniers paquets de copies puisque j'en récupère trois nouveaux demain et que je n'ai pas cours le jeudi matin. J'ai relevé mes mails, traîné un peu sur internet, passé l'aspirateur, fait un peu de ménage, traîné sur internet, découvert l'article de journal sur la visite des CM1-CM2 avec plaisir, envoyé deux trois mails… Et puis j'en ai reçu un qui me disait que mon professeur d'EPS du collège, à peine plus âgé que mes parents, s'était éteint dans son sommeil la nuit précédente. Je l'aimais bien, sauf, sans doute, quand il me forçait à courir ou à jouer au rugby… Il s'appelait Monsieur Eyraud. Je n'ai pas corrigé une seule copie. Je suis partie au collège en oubliant qu'aujourd'hui était un jour de grève et presqu'en retard après avoir avalé, pour tout repas, un bol de céréales. J'ai révisé le contrôle de demain avec mes 5eme en espérant qu'ils le réussiront et puis à la fin, ils ont réussi à me faire parler de papillons et de chenilles, de nature et d'abeilles… L'heure qui a suivi, j'ai souri en regardant les pièces de théâtre de mes 6eme, j'ai été fière de certains, déçue par d'autres. A la fin de l'heure, une des élèves qui avait refusé de passer et venait donc de récupérer un zéro, m'a tendu une lettre… Une lettre de ses parents, à qui elle avait manifestement menti puisque je me faisais engueuler d'avoir donné un travail en groupe aussi complexe à peine deux jours au préalable, rendant ainsi le travail avec la copine impossible, etc. Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un travail à la maison du tout, que j'avais fait copier dans les cahiers toute la trame de la pièce que nous avions travaillée ensemble et que les enfants avaient eu en classe, mardi, une heure complète de travail en groupe pour monter leur pièce et que le travail devait être fait pendant cette heure-là (amplement suffisante). J'ai donc crié sur la gamine et sa copine qui s'étaient gardées de tout expliquer aux parents, je suis passée voir le chef pour qu'il prenne connaissance du deuxième paragraphe de la lettre, fort sympathique, le concernant… Je n'ai pas eu de récré, j'ai pris ma seconde classe de 6eme qui a travaillé sur le thème des super héros à partir de la chanson “I want to be a superhero” de Tim McMorris. Pour la première fois de ma vie, j'ai pleuré en classe parce que cette chanson m'a soudainement fait penser à des tas de choses et une en particulier. Du coup, certaines de mes élèves se sont mises à pleurer et j'ai donc expliqué pourquoi cette chanson, aujourd'hui, me touchait plus qu'elle ne le devrait. On a continué le cours, ils ont été brillants en compréhension orale même mon Jeed a été sage. Quand j'ai rangé mes affaires, j'avais un petit mot dans ma trousse qui disait que ça allait aller et que de la faiblesse venait la force. J'ai des élèves formidables. Mais un jour, ils m’oublieront. J'ai pris ma voiture pour aller chercher les petits à l'école. Sur la route, j'ai doublé un camion qui empiétait sur ma voie, j'ai cru que j'allais devoir me déporter pour l'éviter et m'emplafonner la voiture qui arrivait en face. 100 mètres plus loin, devant moi, il y avait une voiture blanche avec une femme au volant qui faisait des embardées toutes les deux secondes. Je n'ai pas osé la doubler. J'ai eu de la chance, je suis arrivée à l'heure quand même à l'école. La maîtresse de Mael m'a dit qu'il avait pleuré aujourd'hui car il n'avait pas eu le temps de finir sa géométrie, qu'il comprenait bien mais qu'en ce qui concernait le rythme, ce n'était pas toujours évident depuis fin février/son saut de classe. On est allés acheter les journaux : il faut bien garder des souvenirs… On en a profité pour prendre du pain frais et des gâteaux pour le goûter. On est rentrés, on a fait quatre heure, j'ai permis de jouer dans le jardin 5 minutes. Je suis rentrée 2 minutes, les garçons se hurlaient dessus et se bagarraient déjà… Chacun dans sa chambre, aux devoirs. Ewann a oublié son cahier de dictée et lit déjà son Harry Potter, sur son pouf avec sa porte de chambre grande ouverte (il fait un temps superbe)… Mael apprend ses mots et discute avec Ewann depuis sa porte, ouverte également (ils sont toujours plus copains après s'être collé une bonne raclée). Je vais retourner lui faire écrire ses mots et vérifier les autres devoirs. J'ai écrit ces quelques lignes pour accompagner cette photo… Il y a quelques jours, j'ai posté la photo d'une éphémère, au stade d'imago. Sur le brin d'herbe d'à côté se trouvait sa mue de subimago. Nous y sommes retournés hier, il ne restait rien. J'ai eu la chance de croiser son chemin le premier et dernier jour de sa courte vie et d'entrevoir ce qu'elle avait laissé dernière elle… J'ai eu la chance de croiser son chemin. -- source link

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